Nous vivons actuellement dans un monde de réglementations, de droits et de libertés, mais aussi d’obligations. Il arrive fréquemment que certains les ignorent, volontairement ou non. Ce genre d’agissements peut, suivant les cas, nuire gravement à l’intérêt public et au bien-être de la société.
Certaines personnes, indignées, vont alors tenter de l’empêcher, quitte à en subir les conséquences. Plusieurs règlementations spécifiques avec pour objectif de protéger ces personnes appelées « les lanceurs d’alertes » ont émergé à travers les différents États membres de l’Union, créant des régimes de protection parfois très disparates et inégaux à travers l’Union européenne.
Le législateur européen a donc décidé d’offrir à ces gens un régime de protection minimale uniforme partout en Europe.
Outre tous les acteurs économiques courants, la loi nomme et définit trois termes désignant les différents acteurs d’un signalement réalisé par un lanceur d’alerte.
D’abord, l’acteur principal, le lanceur d’alerte est nommé « l’auteur de signalement » et est défini comme « Une personne qui signale ou divulgue publiquement des informations sur des violations »
Le second rôle principal est nommé comme « la personne concernée » et est défini comme « Une personne physique ou morale qui est mentionnée dans le signalement ou la divulgation publique en tant que personne à laquelle la violation est attribuée ou à laquelle cette personne est associée ».
Enfin, la loi mentionne encore un autre acteur, pas toujours présent, mais qui peut s’avérer, dans certain cas, primordiale, à savoir « le facilitateur et le tiers en lien avec les auteurs de signalement ». Il s’agit d’« Une personne physique qui aide un auteur de signalement au cours du processus de signalement et dont l’aide devrait être confidentielle ».
Pour continuer dans notre métaphore cinématographique, la loi va imposer des limites, des frontières à la scène sur laquelle se joue l’action !
La loi établit une liste limitée de matières juridiques. La protection des auteurs de signalement ne sera accordée que dans les cas de violation de ces matières.
Listes des matières juridiques :
La législation précise également certaines matières qui sont exclues pour la simple et bonne raison qu’elles bénéficient déjà d’une protection via d’autres législations européennes :
N.B. :
La protection s’appliquera uniquement aux personnes travaillant dans le secteur privé qui ont obtenu des informations sur des violations dans un contexte professionnel, notamment :
La protection s’applique en outre aux facilitateurs et au tiers qui sont en lien avec les auteurs de signalement et qui risque également de faire l’objet de représailles (dans le contexte professionnels)
ATTENTION : Que ça soit dans un contexte professionnel ou non, les personnes qui dénoncent des violations en matière de services, produits et marchés financiers ou loi anti-blanchiment pourront malgré tout bénéficier de la protection de la nouvelle directive!
N.B. :
Au travers de ce premier article, nous avons abordé le régime de protection des « lanceurs d’alertes » uniformisé au niveau européen. Ce régime accorde une protection minimale de sorte que chaque État peut prévoir des régimes plus favorables. Après avoir lu cet article, vous savez maintenant quelles sont les personnes protégées (auteurs de signalement, facilitateurs), ainsi que les personnes faisant l’objet d’un signalement (personnes concernées). Vous connaissez également les limites dans lesquelles la loi s’applique, sur le plan matériel et contextuel.
Dans les prochains articles, nous aborderons les conditions à respecter pour bénéficier de la protection, les mesures de protection et les sanctions applicables en cas de violation de ces mesures.
Nous ferons également le point sur les procédures à mettre en place et à suivre en la matière.
Le législateur Européen a instauré cette protection des lanceurs d’alertes via une directive adoptée le 23 octobre 2019 : la directive UE 2019/1937 sur la protection des personnes qui signalent des violations du droit de l’Union).
Ensuite, l’Etat belge a transposé cette directive via la loi du 28 novembre 2022 sur la protection des personnes qui signalent des violations au droit de l’Union ou au droit national constatées au sein d’une entité juridique du secteur privé.