Edito : Quelques points de la déclaration fiscale trop souvent oubliés
Chers lecteurs,
A l’heure ou la période des déclarations fiscales à l’impôt des personnes physiques bât son plein, il est crucial de ne pas laisser certains éléments vous échapper. Trop souvent, par ignorance ou négligence, des informations ne figurent pas sur votre déclaration. Voici quelques rappels pour vous guider.
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Intérêts sur comptes d’épargne réglementés
Les intérêts perçus sur les comptes d’épargne réglementés, c’est-à-dire sur les comptes d’épargne de la majorité des banques offrant des intérêts de base et une prime de fidélité, sont exonérés jusqu’à concurrence de 1.020,00 € par contribuable (E.I. 2025) et le surplus est taxable à 15 %.
Si vous n’avez qu’un seul compte d’épargne et que le total des intérêts dépasse 1.020,00 €, cela ne pose pas de problèmes ; la banque déduira le précompte de 15 % sur le surplus et vous ne devrez rien mentionner dans la déclaration fiscale.
Si le compte est ouvert aux noms de deux conjoints, le montant des intérêts exonérés peut monter jusqu’à 2.040,00 € (la limite de 1.020,00 € étant fixée par contribuable).
Cela se complique si vous avez plusieurs comptes d’épargne dans plusieurs banques différentes. En effet, chaque banque appliquera sa limite de 1.020,00 € pour exonérer les intérêts.
Par exemple, si vous avez 2 comptes d’épargne avec 1.000,00 € d’intérêts sur chacun d’eux, soit 2.000,00 € au total, les banques ne retiendront pas de précompte et il sera alors de votre responsabilité de déclarer le surplus de 980,00 € (2.000,00 € – 1.020,00 €) dans votre déclaration fiscale et ceux-ci seront imposés à 15 %.
Par ailleurs, les intérêts perçus par les enfants mineurs doivent également entrer en ligne de compte pour calculer la limite et doivent être déclarés en cas de dépassement.
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Dividendes exonérés : le petit plus
Lorsque vous placez votre argent en bourse, sous forme d’actions, vous percevez généralement des dividendes en rémunération de vos placements. Sur ceux-ci, la banque retiendra généralement 30 % de précompte mobilier, représentant l’impôt qui est dû sur ce type de revenus.
Si vous êtes actionnaire de la PME que vous dirigez, il arrive fréquemment que vous puissiez bénéficier d’un précompte réduit (voir notre article sur le VVPR-bis et la réserve de liquidation).
La loi fiscale prévoit cependant la possibilité d’exonérer une première tranche de dividendes à concurrence de 833,00 € (E.I. 2025).
Si vous percevez des dividendes avec différents taux de précompte, choisissez d’abord ceux taxés à 30 % pour maximiser vos économies.
Le montant maximum à mentionner sera, par conséquent, de 249,90 € (833,00 € x 30 %). Mais si vous n’avez perçu que des dividendes au précompte de 15 %, par exemple, le maximum à mentionner sera de 124,95 € (833,00 x 15 %).
C’est ce montant mentionné que vous pourrez récupérer de vos impôts.
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Autres revenus mobiliers
Il arrive également que vous puissiez percevoir d’autres revenus mobiliers, comme des intérêts sur des comptes d’épargnes non réglementés (comptes étrangers, par exemple) ou sur des prêts d’argent à des particuliers ou à des entreprises directement ou via des plateformes digitales (crowdlending).
Si un précompte de 30 % n’a pas été retenu à la base, il faut alors déclarer le montant perçu dans votre déclaration fiscale.
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Biens immobiliers à l’étranger
De nombreux belges, attirés par une météo plus clémente, sont tentés d’acheter un bien immobilier à l’étranger pour y passer leurs vacances, pour investir ou pour avoir un pied-à-terre dans leur pays d’origine.
Si vous passez le cap, informez obligatoirement l’administration fiscale belge dans les 4 mois de l’achat (via un formulaire) afin qu’elle puisse fixer un revenu cadastral.
Ce revenu cadastral devra ensuite être repris dans votre déclaration fiscale.
Si une convention préventive de double imposition a été signée entre la Belgique et le pays dans lequel se situe le bien immobilier (ce qui est généralement le cas pour les situations les plus courantes comme avec la France, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, la Turquie, le Maroc, etc…), le bien ne sera pas imposé en Belgique.
Cependant, la Belgique accorde cette exonération « sous réserve de progressivité », ce qui signifie que ce bien peut influencer le taux d’imposition de vos autres revenus.
Pour bénéficier de cette exonération relative, il faut alors mentionner dans la déclaration le pays, le montant du RC et le code en regard duquel il a été déclaré.
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Comptes bancaires à l’étranger
Il peut arriver que vous souhaitiez ouvrir un compte bancaire à l’étranger, par exemple pour gérer plus facilement votre bien immobilier à l’étranger ou pour investir à moindre frais dans des placements financiers.
Sachez que la première démarche à faire lorsqu’un tel compte est ouvert, est de le signaler au point de contact central de la Banque Nationale de Belgique via l’application en ligne.
Au niveau de la déclaration fiscale, il faudra ensuite mentionner, la réponse « oui » à la question de savoir si vous avez été titulaire (ou un de vos enfants mineurs) d’un compte bancaire à l’étranger à un moment quelconque de l’année. Il faut également mentionner le nom du titulaire, le pays dans lequel le compte a été ouvert et si les données de ce compte ont été communiquées au point de contact central de la BNB.
Attention, si vous avez obtenu des intérêts sur ces comptes, n’oubliez pas de les déclarer comme expliqué ci-dessus.
Quels types de compte sont concernés ?
Vous devez déclarer tout type de compte ouvert auprès d’un établissement de banque, de change, de crédit ou d’épargne établi à l’étranger :
- Les comptes bancaires étrangers.
Tout compte bancaire (courant, épargne, etc.) ouvert auprès d’une institution financière située à l’étranger. - Les comptes-titres étrangers.
Comptes utilisés pour détenir des titres financiers (actions, obligations, etc.) à l’étranger. - Les comptes de cryptomonnaies.
Bien que les obligations précises peuvent évoluer, il est conseillé de déclarer les comptes de cryptomonnaies situés à l’étranger.
Vous ne devez en principe pas déclarer les comptes de type Paypal, Google etc. sauf
- s’ils sont liés à une activité professionnelle ou
- si de l’argent est toujours sur ces comptes au-delà du délai strictement nécessaire du point de vue technique pour effectuer les transactions.
Source : https://fin.belgium.be/fr/particuliers/international/revenus-comptes-etrangers/comptes
Si ces comptes ne génèrent pas de revenus, aucune taxation n’est prévue, mais cela permet à l’administration d’établir une base de données permettant de recouper différentes informations pour vérifier si vous déclarez bien tous vos revenus.
Il arrive que des contribuables ouvrent un compte en ligne sans se rendre compte que celui-ci est situé à l’étranger. Il faut donc être vigilent afin de savoir dans quel pays ce compte est ouvert afin de de déclarer, le cas échéant.
En conclusion, une déclaration fiscale bien remplie est votre meilleure défense contre les amendes et vous assure de récupérer les impôts auxquels vous avez droit. Ne sous-estimez pas l’importance d’une information complète et à jour, surtout concernant les revenus étrangers.
Prêts à explorer comment ces conseils s’appliquent à votre situation personnelle ?
En cas de doute, prenez contact avec notre bureau.
Philippe Lemaire
Administrateur Finacces
Date de publication : 30/06/2025