Édito – Le grand cirque des voitures en Belgique, ce pays ou même la déduction fiscale a besoin d’un GPS - fiduciaire-finacces

Édito – Le grand cirque des voitures en Belgique, ce pays ou même la déduction fiscale a besoin d’un GPS

Chers lecteurs,

Nous consacrons notre newsletter de ce mois à un thème qui suscite de nombreuses interrogations chez les indépendants, à savoir les frais de voitures.

Entre la volonté de « verdir » la mobilité et l’obsession de tout compliquer, la Belgique a transformé la déduction fiscale des voitures en un labyrinthe administratif.

En effet, ce n’est pas tant le prix du carburant qui fait suer les contribuables, mais bien la gymnastique mentale nécessaire pour comprendre ce que l’État autorise à déduire… ou pas. Bienvenue au pays du surréalisme.

Déduire ses frais de voiture n’est plus un calcul, c’est une épreuve initiatique. Pour les indépendants et les sociétés, la voiture est devenue un terrain de jeu fiscal où la logique a cédé la place à une créativité réglementaire sans limite. Tout dépend du type de véhicule, du carburant, du taux d’émission, de la date d’achat, du type de contribuable, des normes de CO² utilisées, de la quote-part professionnelle… Et pourquoi pas de la météo du jour de la facture, du taux d’usure du pneu avant gauche ou du signe astrologique du conducteur ? Bref, un puzzle kafkaïen ou tout le monde y perd son latin.

Chaque réforme du « verdissement fiscal » remet une couche sur l’ancienne, comme pour préparer une lasagne indigeste, mais on nous parle de simplification.  Le genre de simplification où il faut trois pages d’annexes pour comprendre la règle, et un comptable zen pour la digérer. L’État prétend « verdir » la fiscalité, mais c’est surtout notre patience qui devient durablement recyclable.

Prenez les hybrides rechargeables : considérées un moment comme les chouchoutes des déductions, elles sont désormais les parias du secteur ; elles reviennent cependant en grâce, mais pas pour tout le monde. Un pas en avant, un pas en arrière et c’est le fisc qui mène la danse. Les thermiques ? Elles sont en train de disparaître du paysage fiscal comme des dinosaures. Quant aux voitures électriques, présentées comme les grandes gagnantes, elles seront elles aussi rattrapées par la fameuse « trajectoire de déductibilité dégressive ». Autrement dit : ce qui est vrai aujourd’hui sera faux demain, mais rétroactivement logique. Le message est clair : l’État veut orienter les comportements… mais sans jamais renoncer à complexifier le calcul.

Résultat : des indépendants qui tiennent des tableurs Excel plus sophistiqués que leurs plans financiers, des comptables qui jouent les traducteurs de circulaires fiscales incompréhensibles et qui deviennent de véritables mécaniciens capables de réparer une déduction tordue avec un sourire résigné, et des dirigeants de PME qui finissent par se demander si un vélo cargo ne serait pas plus rentable, ne fût-ce que pour leur santé mentale.

La fiscalité automobile belge est un chef-d’œuvre d’ingénierie paradoxale. À force de bricolages successifs, la cohérence s’est évaporée. Cette fiscalité est devenue le miroir parfait de notre bureaucratie : inventive, contradictoire et profondément épuisante.

Alors, à quand une vraie réforme, lisible et stable ? À quand un système où un entrepreneur peut investir sans devoir consulter un exorciste fiscal ? En attendant, attachez vos ceintures car avant de simplifier tout cela, il faut bien admettre que dans le royaume de la déduction, la logique n’a jamais eu le permis de conduire.

Bonne lecture et n’éloignez pas trop la boite de Dafalgan.

 

Philippe Lemaire,
Administrateur de Finacces

 

Date de publication : 31/10/2025